Événements

Colloque
Proximité, intimité et secret dans la relation d’aide
6
-7 d’octobre 2016

Grand Times Hotel
1, rue Belvédère Sud
Sherbrooke (Québec) J1H 0G8
Téléphone : 819 575-2222
Sans frais : 1 855 213-0582

En collaboration avec le Centre de formation continue de la Faculté de Médecine et des Sciences de la Santé de l’Université de Sherbrooke, l’Association francophone internationale d’éthique de la relation d’aide et de la santé mentale (Afierasm) organise son premier colloque sur les enjeux relatifs à l’intimité entourant les pratiques de soin et d’accompagnement.

Nous vivons dans une société où la transparence est une valeur de haute importance. Faut-il généraliser cette valeur? Faut-il la considérer comme absolue et primant sur toute autre valeur? N’y a-t-il pas à s’interroger à l’inverse sur la nécessité de préserver la pudeur dans certaines situations ou formes de relation? Si les média sociaux ont changé le monde en termes de proximité et de partage, ils amènent également beaucoup de questions quant aux frontières entre espace privé/espace public. Il n’en va pas autrement dans les formes d’accompagnement ou de relation d’aide, y compris dans la relation médicale. Dans ce dernier contexte, nous souhaiterions nous demander si le secret est une forme de mensonge à proscrire ou, au contraire, une stratégie pour maintenir vivante une vérité, un mensonge nécessaire, voire vital, et pas seulement un outil que le médecin peut vouloir utiliser au profit de la personne malade?

Le respect de la confidentialité, par exemple, est souvent mis à mal dans les soins à domicile : en effet, le fait de visiter quotidiennement une personne sur son lieu d’habitation passera difficilement inaperçu pour le voisinage, quelles que soient les précautions prises. De plus, cela revient à pénétrer dans son intimité. Dans le contexte d’un suivi au long cours, va-t-il de soi qu’un patient ait « à tout dire » à son médecin, son psychiatre, son psychothérapeute ou son infirmière ? Qu’entendons-nous par cette formule : tout dire de son intimité, de sa vie privée? La proximité du lien implique-t-elle automatiquement la révélation de tous les objets secrets?

Autre interrogation : le rapport au secret est-il influencé par la honte, voire par la crainte de la stigmatisation? Et encore : est-il possible de partager un secret sans un minimum d’intimité? Celle-ci est-elle possible sans une certaine forme d’affection, voire d’amour, si l’on peut nommer ainsi l’affect traversé par le praticien ? C’est toute la question des conditions de la confiance dans la relation d’aide qui se pose ici, et de ce qu’elle implique comme préservation de l’espace de l’autre : le respect de la part d’intime, secrète et sacrée de l’autre est-il indispensable à une relation véritable? Ou est-ce un leurre de penser que ce que l’autre gardera de ses secrets n’affectera pas obligatoirement le cheminement du sujet? Il est vrai qu’il y a des secrets qui empoisonnent l’existence, qui rendent malade et peuvent même tuer. Arrivés à ce terme, nous nous interrogerons sur le cadre, l’engagement et la responsabilité envers autrui, ce qui amènera à penser les apports et les limites de l’éthique clinique, de la déontologie et de l’éthique de la sollicitude.

Dans le domaine de l’enseignement (en milieu universitaire, scolaire et de soins), un professeur côtoie chaque étudiant sur une base hebdomadaire : en raison de la fréquence de leurs contacts, des liens se tissent entre ces personnes et peuvent affecter la bonne distance relationnelle de ces professionnels en exercice. Cette proximité peut être telle qu’un élève en arrive à confier un secret à son professeur avec toutes les conséquences que cela peut impliquer. Qu’en est-il du poids de la confidence pour la personne qui la reçoit? Et de la discrétion?

Dans le cadre de la relation d’aide, quelles formes spécifiques d’intimité peuvent être imaginées? Car sans doute, compte tenu de la spécificité des situations (de la relation entre le professionnel de la santé et la personne malade, entre le professeur et l’élève), c’est une intimité qui ne ressemble pas nécessairement à l’intimité de la vie ordinaire.

Nous souhaiterions aborder les deux questions suivantes sur les limites de la relation d’aide. Jusqu’où le professionnel peut-il et doit-il pénétrer dans l’intimité de l’autre en dépit de la proximité? Et que devons-nous penser et faire lorsque des personnes déposent des secrets qui rendent les intervenants inconfortables, voire paralysés?

Ce colloque s’adresse à tous les professionnels œuvrant de près ou de loin en relation d’aide (médecin, psychiatre, psychologue, psychothérapeute, psychanalyste, infirmière, ergothérapeute, travailleur social, enseignant, etc.). Il se déroulera dans un contexte d’interdisciplinarité interpellant largement également l’anthropologie, l’histoire, la philosophie, la sociologie, tant sur le plan théorique que sur celui du terrain.