Quels lieux d’accueil pour la souffrance psychique aujourd’hui?
9-10 novembre 2018
Auditoire CHUV — Lausanne
Le lieu d’accueil des personnes souffrant de troubles psychiques est une question d’une grande actualité qui s’est déjà posée dès la constitution de la psychiatrie durant le XIXe siècle.
Il y a d’abord eu l’asile, lieu construit à l’écart des villes, pour certains basés sur les règles de contention et sur cet impératif d‘écarter la maladie mentale, pour ne pas mélanger le « sain » et le « fou ». Pour d’autres, l’asile a été un lieu d’accueil médicalisé spécialisé, qui a permis une meilleure connaissance de la maladie mentale par l’observation des patients sur une longue durée et qui a pu progressivement apporter des soins spécifiques.
Depuis, plusieurs initiatives et une évolution sociale ont permis l’ouverture de ces espaces, la construction de nouveaux lieux dans les centres-villes et l’apparition de programmes de soins centrés sur l’intégration plutôt que l’exclusion, avec une approche plus attentive autour des questions de liberté et de coercition.
Ainsi, depuis longtemps, la souffrance psychique interroge la société quant à son acceptation et à son intégration dans l’espace public partagé.
La question de la cohabitation et de façon générale de la proximité avec la personne qui souffre psychiquement, est une question qui est devenue essentielle avec l’ouverture de la psychiatrie à la communauté. Il y a d’une part les actes antisociaux qui peuvent accompagner la souffrance psychique dans certaines situations, et d’autre part la manière dont le malade psychiatrique interroge la société par sa singularité, sa bizarrerie, sa façon dissonante d’habiter et d’investir la vie et le lieu.
La question de la honte a été significative assez tôt dans le choix des lieux d’accueil de la souffrance psychique, aboutissant à des choix de lieux éloignés, souvent stigmatisés, contrairement aux lieux accueillant la maladie somatique, qui ne connaissent pas le même traitement géographique.
Cependant, l’investissement du lieu et de l’habitat reste central dans les prises en charge de nos patients les plus souffrants. Les personnes sans domicile fixe sont fréquemment des patients en rupture de soins et de lien social, les prisons restent souvent des lieux d’accueil, par défaut, de ce qui ne peut plus être accepté ailleurs.
De nombreuses personnes ne trouvent pas leur place aujourd’hui, malgré les structures d’accueil et les prises en charge existantes, et cela pose la question de comment développer au mieux des offres d’habitats, d’accueil et de soins de la souffrance psychique, qui soient respectueuses et adaptées.
Ce colloque souhaite réunir différents spécialistes, médecins, soignants, patients et proches, philosophes, sociologues, géographes, responsables politiques et juridiques… pour les inviter à la discussion autour de cette problématique contemporaine complexe.
Liste des thèmes
1. Aspects historiques
- Évolution de l’offre de lieux de soins en psychiatrie
- État des lieux: typologie des lieux de soins contemporains
- Médicalisation/Psychiatrisation de la santé mentale
2 Points de vue légaux, déontologiques et philosophiques
- La question des soins sous contrainte, de l’ingérence, de l’acharnement thérapeutique (des limites du soin) en psychiatrie et les limites de la responsabilisation du patient
- En Suisse, intérêts et limites du Placement à des fins d’assistance
3 Le soin et les lieux du soin
- Les soins en ambulatoire, à domicile, à l’hôpital et en prison
- Les milieux de soins « ouverts » et « fermés », hôpital de jour et centre de jour
- Lieux de soins et abus de substances (centre d’injection supervisé) et limites du soin
- Lieux de soins et handicap mental
4 Sociétés
- Les nouveaux lieux du soin (la rue, les lieux créés par les patients, etc.)
- Itinérance, société et hétéroculturalité
- « L’insertion socio-professionnelle » et la maladie psychiatrique
- Les acteurs des tolérances et violences : les patients, les lieux d’accueil, la société
- La sécurité et les limites des lieux d’accueil
- Nouvelles technologies et nouveaux lieux d’accueil
Appel à communications
Toutes les communications doivent être adressées avant le 15 janvier 2018 à :
ethique_psychiatrie_2018@chuv.ch
Toutes les propositions interdisciplinaires, provenant également de patients et de leurs proches, seront soumises à l’évaluation du comité scientifique.
La durée des communications orales durant le colloque sera de 25 minutes, mais pour certaines, une durée plus longue pourra être proposée.
Les propositions de communication doivent être présentées sous la forme d’un résumé (maximum 300 mots), comportant un titre et cinq mots clés.
Elles doivent être accompagnées des coordonnées du participant, de ses titres et fonctions et du nom de son institution d’attache.
Notification des acceptations : fin février 2018
Programme préliminaire : mars 2018
Date de la remise des communications intégrales : septembre 2018
Publication : une publication des actes du colloque est envisagée après révision et validation par un comité de lecture
Colloque organisé par le Département de psychiatrie – CHUV, en collaboration avec l’Association Francophone Internationale d’Éthique de la Relation d’Aide et de la Santé Mentale (AFIERASM).
Pour toutes questions:
En lien avec l’organisation : Rachel Grandvuillemin
En lien avec la clinique : Fabrice Herrera
Par courriel : ethique_psychiatrie_2018@chuv.ch
Retrouvez toutes les informations sur la brochure du colloque.